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29 novembre 2014

Le début de la fin

endgameAttention ! Endgame est la grosse sortie romanesque jeunesse chez Gallimard de cette fin d’année.  Imposant pavé (539 pages) à la couverture dorée que les libraires entassent en pile comme des lingots en clin d'oeil au trésor à gagner. Car le projet Endgame prend plusieurs formes : une trilogie à destination des grands ados et jeunes adultes dans le genre dystopie, un concours chasse au trésor avec à la clé la possibilité de gagner 500 000 € grâce aux indices et aux codes disséminés tout au long du roman et, pour finir,  un jeu vidéo et un film. Avouons-le, c’est du produit éditorial très marketé. Pour autant, le roman, en dépit d’une ressemblance troublante avec la série Hunger games qui peut rebuter pour le côté "déjà-vu" (même si celle-ci s’inspirait elle-même, entre autres, du classique Sa Majesté des mouches ou du manga Battle Royale), est tout simplement passionnant. Ce monstre se lit d’une traite avec avidité tant l’intrigue qui s’organise autour de 12 personnages principaux, les 12 Joueurs élus pour combattre et sauver leur lignée pendant Endgame, est menée tambour battant. Le style est vif parfois lapidaire pour mieux nous amener vers l’angoisse progressive que génère ce livre.  Malgré le nombre élevé de personnages principaux, grâce à la qualité de la construction, tout s’enchaîne facilement et avec fluidité. L’intrigue est noire, les Joueurs doivent survivre pour sauver leur lignée donc, mais, bien sûr, au détriment des autres lignées et, par conséquence, du monde dans son ensemble. Il ne pourra en rester qu'un. Aucunes règles, aucun interdit n’entourent ce jeu et l’on voit progressivement se dessiner les profils des protagonistes au fur et à mesure que l’on découvre  leurs méthodes respectives. Alors que le principe du jeu encourage l’individualisme le plus extrême, des alliances se sont déjà nouées et le lecteur anticipe avec délectation les ressorts dramatiques que cela va déclencher au cours des tomes suivants. Dans ce premier volet, un joueur a très rapidement été éliminé au moment de l’Appel, il s’agit de Marcus le Minoen, déchiqueté par une bombe artisanale concoctée par An Liu, le Shang. On plonge sans retenue dans cet univers qui mêle le surnaturel (les extra-terrestres ont débarqué et mènent le monde), la science-fiction, l’aventure (les personnages comme les lecteurs partent en quête d’indices), l’histoire antique, l’espionnage et le gore. Hunger Games ne faisait pas dans la dentelle mais Endgame passe un cran au-dessus puisque la torture notamment est souvent utilisée par des personnages terrifiants comme Jalair et Baitsakhan (13 ans, le joueur le plus jeune). Cette noirceur se trouve largement compensée par les liens qui se créent entre certains : amoureux pour Sarah Alopay et Jago Tlaloc, Chiyoko Takeda et An Liu, amicaux pour Shari Chopra et Alice Ulapala. Chacun se jauge, se juge, pense avoir l’ascendant sur les autres. Un premier tome et quatre personnages disparus, cela ne laisse pas le temps de s'ennuyer. Evidemment, on peut reprocher à ce roman sa noirceur, ses thèmes qui explorent le fanatisme, le terrorisme, l'individualisme le plus radical, la barbarie. Mais le cheminement de quelques personnages, tel qu'Hilal, apporte vers la fin une nouvelle dimension à l'intrigue. Endgame est-il inéluctable ou existe-t-il un moyen d'y échapper ? Tous les joueurs ne semblent pas prêts à jouer à n'importe quel prix. Loin d'être une apologie de la violence, Endgame fait réfléchir en nous confrontant au Mal. Et ce Mal est bel et bien présent dans notre monde contemporain alors il est vain de croire que les adolescents n'y sont pas confrontés dans leur vie quotidienne. Si l'intrigue tire parfois de grosses ficelles (la gagnante de la Première épreuve se trouve être "comme de par hasard" Sarah, l'héroïne d'origine américaine), Endgame débute sur les chapeaux de roue et promet de futurs bons moments de lecture. Du pur divertissement qui s'empare de tous les moyens et supports pour créer un maximum d'interactivité et de lien avec son lectorat. Une façon très moderne de dé-ringardiser  et de dynamiser le livre.

Quelques sites à consulter :

Endgame t.1 L’Appel (Endgame : The Calling), James Frey, Nils Johnson-Shelton, traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Jean Esch, Gallimard, 2014.

(ill. de couv. cop. Gallimard)

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