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29 juin 2013

L'origine de la violence

NorlandeJérôme Leroy a fait un pari ambitieux avec ce glacial et inoubliable Norlande. Comment tirer d’un fait d’actualité encore sensible, car très récent, un roman ? Comment ne pas trahir la vérité, le traumatisme des victimes rescapées ? Comment rendre compte d’un événement, que l’on n’a pas vécu de l’intérieur, et sans le recul lié au temps passé et aux différentes recherches effectuées par les historiens et spécialistes ? Depuis quelques années, les réalisateurs, auteurs et artistes n’hésitent plus à s’emparer, de plus en plus souvent, d’affaires et d’événements encore brûlants dont les protagonistes sont toujours vivants. Et si Norlande se réfère à l’affaire Anders Behring Breivik qui s’est produite en Norvège à l’été 2011, elle évoque en filigrane toutes les tueries de forcenés, extrémistes, terroristes, attentats-suicides en tous genres, ayant eu lieu dans le monde, notamment aux Etats-Unis. Moins terrifiant que ne pouvait l’être le film Elephant de Gus Van Sant, ce roman n’en laisse pas moins quelques cicatrices à son lecteur. L’auteur, afin d’humaniser un peu son thème, prend le parti de laisser la parole à une victime de cette tuerie fictive, sise à Norlande, double littéraire de la Norvège. Sous forme de confession adressée à Emilie, son amie française, Clara Pitiksen, fille de la ministre des Affaires étrangères, relate son calvaire, ses traumatismes, les stigmates physiques. Au fil du livre, le drame et ses conséquences apparaissent dans leur violence brute. On y voit l’héroïne se reconstruire progressivement, accepter ses aveuglements et ses erreurs. C’est évidemment cette possibilité qu’offre le roman d’utiliser tous les artifices de l’art qui permet à ces œuvres de trahir la réalité tout en la respectant profondément. Publié aux éditions Syros, dans la collection Rat noir, le roman, destiné aux grands ados, peut aisément être conseillé à un lectorat adulte. La couverture très évocatrice, un arbre dont les racines saignent, rend compte de l’envergure et des bouleversements qu’a engendré  l’affaire Breivik dans la société norvégienne.

  • Sur un thème similaire, on peut retenir :

Je mourrai pas gibier, Guillaume Guéraud, Rouergue, coll. DoAdo noir, 2006. Présentation de l’éditeur : « Mortagne n'est pas un patelin tranquille. Ceux qui travaillent le bois ne peuvent pas encadrer les vignerons et inversement. La haine fouette les murs. Les coups tordus pleuvent sans prévenir. Martial préfère apprendre la mécanique le plus loin possible. Pour fuir la scierie. Éviter les incidents. Et échapper à la phrase que répètent aussi bien les scieurs que les gars de la vigne " Je suis né chasseur ! je mourrai pas gibier ! " Parce que la chasse, ici, tout le monde pratique. Sauf Terence. Il a la tronche en biais. Il ne sait ni travailler ni chasser. C'est pour ça que Martial l'aime bien. Et qu'il ne supporte pas qu'on se défoule sur lui. Pour le premier titre de la collection doAdo Noir, Guillaume Guéraud annonce la couleur, celle d'un adolescent basculant dans la folie meurtrière. »  Ce roman, qui a fait parler de lui à sa sortie, met en scène une violence  presque primitive, sauvage, dans le cadre familial.

Jemourraipasgibier

 Le faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Rouergue, coll. Doado, 2011. Présentation de l’éditeur : « Vus de l'extérieur, ils faisaient plutôt peur, ceux de la bande à Samy, avec leurs coupes de cheveux étranges, leurs vêtements noirs, leurs piercings... Mais le jour où les skateurs s'en sont pris au nouveau du collège, Dam, avec son physique de frite molle, c'est Samy qui s'est interposé et lui a sauvé la mise. Et c'est comme ça qu'ils se sont rencontrés, et que l'histoire a commencé. Samy a essuyé le sang qui coulait de la tempe de Dam, avec sa manche noire. C'était la première fois que quelqu'un le touchait avec autant de douceur... « Un roman intense - violence des sentiments, découverte de soi, incompréhension des proches - qui se conclut par une tuerie dans le cadre scolaire dont la portée est, heureusement, contrebalancée par la présence de deux fins, une négative, une positive, les deux facettes de la vie. Une affaire de choix ou de circonstances ?

leFaireOuMourir

Hate list, Jennifer Brown, traduction de Céline Alexandre,  Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012. Présentation de l’éditeur : «  Lorsque Valérie franchit le seuil du lycée, elle sait que rien ne sera plus jamais pareil. Cinq mois plus tôt, Nick, son petit ami, a ouvert le feu dans la cafétéria de l’école, tuant une dizaine d’élèves avant de se suicider. Des élèves agaçants, pénibles et arrogants qui figuraient sur la liste que Valérie et Nick ont tenue pour se défouler. Pourquoi ce qui n’était qu’un jeu est devenu un drame ? Comment va-t-on accueillir son retour au lycée ? Est-elle aussi coupable que Nick ? » Un sujet qui touche particulièrement la société américaine : les tueries dans le cadre scolaire.

HateList

  •  Deux films désormais classiques qui traitent de la fusillade de l’école de Columbine dans le Colorado (1999) :

Le documentaire Bowling for Columbine de Michael Moore, 2002. Présentation de l’éditeur : « Après The Big One, Michael Moore se penche sur le rapport entre les Américains et les armes à feu. Le film s'inspire d'un fait réel : deux adolescents qui, en 1999, ont massacré 13 personnes à la Columbine High School avant de se suicider. Bowling for Columbine est une critique cinglante, acerbe et dévastatrice de l'industrie de l'armement, de l'usage des armes et du droit constitutionnel qu'a tout citoyen américain d'en posséder. C'est aussi le portrait désopilant d'un pays au lendemain du 11 septembre. »

BowlingColumbine

Elephant de Gus Van Sant, 2003. Présentation de l’éditeur : « Elephant nous entraîne dans un lycée américain où se déroule une journée ordinaire : cours, football, potins, etc... Une photographie aseptisée de la jeunesse américaine d'aujourd'hui, presque un cliché... jusqu'au moment où la sonnerie retentit et deux adolescents pénètrent dans l'enceinte du lycée armes aux poings... »

 Elephant

Norlande, Jérôme Leroy, Syros, coll. Rat noir, 2013. Je mourrai pas gibier, Guillaume Guéraud, Rouergue, coll. DoAdo noir, 2006. Le faire ou mourir, Claire-Lise Marguier, Rouergue, coll. Doado, 2011. Hate list, Jennifer Brown, traduction de Céline Alexandre,  Albin Michel jeunesse, coll. Wiz, 2012.

(Ill. de couv. copyright Syros, Rouergue, Albin Michel jeunesse, DR, MK2)

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