Le livre du vent
Alors que ses parents sont en instance de divorce, Juan, treize ans, est envoyé par sa mère en vacances chez son oncle Tito, un vieux garçon original qui vit en ermite dans sa maison remplie de livres. Juan doit tout d'abord s'habituer à vivre en compagnie de ce membre de la famille excentrique, bourré d'habitudes étranges, telles que boire du thé toute la journée dans des quantités improbables, par exemple. Sa bibliothèque aux proportions gigantesques oblige Tito à se munir d'une clochette pour ne pas se perdre. Organisés en sections peu orthodoxes comme "Petits chiens", "Fromages puants mais délicieux", "Dents des grands mères", les livres qui la constitue ont un pouvoir étonnant, celui de bouger et de choisir eux-mêmes leur lecteur. Juan est ainsi amené à lire tout un cycle d'aventures sur "le fleuve en forme de coeur" avec les personnages Ernesto et Marina. C'est en partageant ses lectures avec Catalina, la fille des pharmaciens pour laquelle il a le béguin, que le jeune garçon se rend compte alors qu'il n'a pas lu exactement la même histoire qu'elle, les livres s'adaptant et étant influencés par leurs lecteurs. Tito fait alors comprendre à son neveu qu'il a un don particulier : il est un lecteur princeps c'est à dire que ce n'est "pas forcément celui qui lit le plus de livres, mais celui qui y trouve le plus de choses". Il lui confie dès lors une mission : retrouver et dompter le livre sauvage. Grâce à l'aide de Catalina, Juan finira par trouver ce fameux ouvrage, un livre aux feuilles blanches, qui commence comme celui que nous tenons dans les mains, par ces mots : "Je vais vous raconter ce qui m'est arrivé quand j'avais treize ans. C'est une chose que je n'oublierai jamais, à croire que cette histoire m'a pris au collet..." et Juan, le narrateur et double de l'auteur, Juan Villoro, termine ainsi : "La suite ne dépend que de toi ". Un roman à l'ambiance envoûtante qui n'est pas sans rappeler celle de l'Ombre du vent de l'espagnol Carlos Ruiz Zafon et son troublant Cimetière des livres oubliés. La belle mise en abyme à la fin du roman prend le lecteur par surprise et l'interroge sur le pouvoir de la littérature, des histoires et de leur transmission.
Le livre sauvage (titre original : El libro salvaje), Juan Villoro, traduit de l'espagnol (Mexique) par Isabelle Gugnon, Bayard jeunesse, coll. Estampille, 2011.
(ill. de couv. copyright Bayard)