La lettre écarlate

Connaît-on vraiment nos proches ?  En savons-nous autant sur eux que nous le pensons ? C'est à ces questions que Sarah Lefebvre sur le point de se marier avec le très séduisant Adrian va devoir se confronter. Alors qu'elle surprend une conversation téléphonique passée par son futur mari, la jeune femme, effrayée par ce qu'elle entend, s'enfuit le jour de son mariage, en compagnie de sa grand-mère Lavinia et de sa cousine française Rebecca. Trois femmes, trois vies réunies dans une fuite éperdue pour échapper  à un serial killer...et les certitudes volent en éclats. Roulant en direction de la Californie, la peur au ventre, leur chemin croise celui de Dwight, une jeune indienne hippie, dont la rencontre va s'avérer déterminante. En ouvrant La trace, on s'attend comme la quatrième de couverture nous l'annonce à lire un bon thriller divertissant. Et, effectivement, toutes ces qualités sont réunies, on tourne les pages avec avidité, on tremble pour les héroïnes mais au final, ce roman dépasse largement le genre. Décors de cartes postales (le Maine, la Californie, la route 66...), thème des sorcières de Salem, Christine Féret - Fleury écrit son "roman américain" avec efficacité, alternant les points de vue des différents protagonistes, jouant sur le suspense, l'ambiguïté, les faux-semblants. En utilisant comme ressort  narratif la peur primale provoquée par une traque, elle peut ainsi dessiner un très beau portrait de femme âgée qui va se révéler dans cette course - poursuite angoissante. Car le vrai sujet de ce livre s'appelle Lavinia, la grand-mère acâriatre dont la personnalité bridée par les conventions sociales prend alors toute sa mesure. La fin tout en pudeur et pleine d'optimisme nous laisse enfin en paix après 250 pages de terreur.

La trace, Christine Féret - Fleury, Hachette, coll. Black Moon, 2012.

(Ill. de couv. copyright Hachette)