Page blanche # 4

26 mars 2012

Pourquoi Maxime, 18 ans, se sent-il dépossédé d'une partie de sa vie? Pourquoi n'a t-il jamais revu son ami Olivier? Quels mensonges familiaux entourent cette amnésie? Pourquoi retourner chez sa grand-mère dans le Marais poitevin? D'une histoire intimiste, Jean-Paul Nozière réussit à faire une intrigue à suspense. En alternant la parole de Maxime et des extraits du journal de Berthe, sa grand-mère, l'auteur plonge dans les eaux troubles d'un passé qui dérange. Retour à Ithaque demande une certaine attention à son lecteur pour assembler le puzzle entre flashback et scènes présentes, pour apprécier les personnages subtilement esquissés, pour sentir poindre le drame derrière le silence étouffant des parents. Les références à la mythologie grecque, la brume épaisse qui s'évapore des marais renforcent et alourdissent cette ambiance aux allures de tragédie antique.

Une seule chose m'a dérangé dans ce roman : les noms à consonance bretonne, les descriptions d'habitations en granit, le vocabulaire spécifiquement maraîchin m'ont un peu perturbé dans ma lecture. En effet, le récit est censé se situer en Vendée dans le Marais Poitevin mais il semble plutôt que cela soit la partie que l'on appelle le Marais Breton Vendéen qui est un peu différente du Marais Poitevin proprement dit. Du coup, mes références ne s'accordaient pas du tout à celles du roman.

Ce roman est toujours disponible au catalogue Gallimard mais dans la collection Folio. La nouvelle couverture de Yan Nascimbene représente mieux l'ambiance du Marais et l'intrigue en elle-même. L'illustrateur joue ici du reflet de la barque sur l'eau qui laisse apparaître un passager qui n'existe pas dans la vraie barque, une réminiscence fantômatique du passé. La couverture originale, quant à elle, laissait une plus grande place au côté énigmatique et mythologique dont jouait l'auteur.